Le sommet de la COP26 (26e Conférence des Parties) se tient en novembre 2021 à Glasgow, Ecosse.
La COP 26 est accueillie par le Royaume-Uni en partenariat avec l’Italie, et se tiendra du 31 octobre au 12 novembre 2021 au Scottish Event Campus (SEC) à Glasgow, au Royaume-Uni.
L'Anthropocène, introduction
Le changement climatique et ses impacts sont aujourd’hui une réalité et font partie intégrante des grands enjeux de société. Depuis le début du 20e siècle, on constate, à l’échelle de la planète, une tendance générale à la hausse des températures avec une forte accélération à partir des années 80. Nous allons essayer de comprendre le changement climatique qui est maintenant attribué de manière certaine à l’action humaine. Les émissions croissantes de gaz à effet de serre d’origines anthropiques, dépendant des modes de production et de consommation des sociétés, augmentent artificiellement et massivement leur concentration dans l’atmosphère, et rompent ainsi l’équilibre thermique sur Terre. L’Anthropocène est cette période où les équilibres naturels ont été rompus.
Etudier la paléoclimatologie
Pour étudier l’Anthropocène, il est nécessaire de partir des périodes qui l’ont précédé et qui étaient beaucoup moins impactées par les humains. C’est le travail du paléoclimatologue qui étudie le fonctionnement du climat dans les temps anciens. Avant l’Anthropocène, le climat changeait sous l’action de facteurs naturels liés à l’énergie que la terre reçoit du soleil. Celle-ci change en fonction de la position de la terre par rapport au soleil, mais aussi en fonction de l’activité énergétique du soleil lui-même. Le paléoclimatologue replace les changements anthropiques actuels dans le contexte des changements naturels.
L'Anthropocène, une période géologique
Avec l’Anthropocène, les impacts des activités humaines sont considérés comme une nouvelle époque géologique. Autrement dit, l’incidence de l’être humain sur sa planète est aujourd’hui tellement évident, que le chimiste de l’atmosphère Paul Crutzen, prix Nobel de chimie en 1995, a fait l’hypothèse que cette influence laisserait pour les futurs géologues des traces significatives sur la biosphère. La conséquence serait que la lithosphère (les roches terrestres) en soit aussi marquée. En effet, cette ère géologique pourrait être définie comme débutant avec la révolution industrielle. Une coupe géologique dont la couche supérieure est pleine de plastiques et de déchets divers pourrait représenter cette période.
L'Anthropocène, quand a-t-il commencé?
Le problème le plus important est de dater le début de cette période. Les humains ont commencé à avoir une empreinte sur leur environnement il y a très longtemps. Avec l’invention de l’agriculture au début du Néolithique et encore plus avec l’industrialisation au 19e siècle, cette empreinte s’est renforcée. Depuis les années 50 tout s’est accéléré ! Certains chercheurs pensent que l’invention de l’agriculture a fait augmenter suffisamment les gaz à effet de serre dans l’atmosphère pour contrer le refroidissement naturel auquel le cycle naturel conduisait. Néanmoins, les courbes liées à notre société industrielle démarrent à peu près toutes une croissance exponentielle à partir des années 1950. Il s’agit de la population mondiale, le produit intérieur brut (PIB), la déforestation, l’extension des villes, la consommation d’énergie primaire, l’épuisement des ressources, l’augmentation de la température, et bien d’autres indicateurs.
L'Anthropocène n'est pas le même partout
Il est cependant abusif de généraliser l’anthropocène à l’ensemble de l’humanité, car l’empreinte varie fortement selon le type d’activités humaines et le niveau de vie des protagonistes. L’empreinte d’un africain qui a une vie proche de la nature est relativement faible, par contre celle d’un occidental qui mène un grand train de vie est des centaines de fois plus élevée. Le graphique de surfaces colorées montre que si on cumule les émissions de gaz à effet de serre depuis le début de l’ère industrielle, le continent nord-américain et l’Europe sont les principaux émetteurs avec les deux tiers des émissions globales. L’Asie émet beaucoup à cause de son grand nombre d’habitants mais son développement est récent. Par contre l’Afrique n’a pas émis plus de 4 % du total.
La température du globe suit la grande accélération

Le réchauffement actuel se distingue des réchauffements passés
C’est vrai que la Terre a connu des périodes chaudes par le passé, il y a 120 000 ans, au milieu de l’Holocène, vers 8000 à 6000 ans avant le présent et plus récemment pendant la période romaine, il y a deux mille ans, et au Moyen-Age, il y a mille ans. Mais pendant ces périodes chaudes, il y avait des endroits frais relativement à leur climat actuel. On avait une grande hétérogénéité spatiale. Prenons l’exemple du milieu de l’Holocène en Europe. Les deux courbes du graphique représentent la température de l’été. En bleu le nord et en rouge le sud. Si l’on avait bien un optimum chaud au nord, avec des valeurs moyennes de +1°C (au dessus de l’actuel), en Europe du sud, c’était -1°C et même moins. Au sud de l’Europe, de belles chênaies tempérées dominaient comme celles qu’on a maintenant plus au nord. Elles ont été remplacées par des forêts plus clairsemées de pins d’Alep et de chênes verts. Le climat tempéré chaud du milieu de l’Holocène a été remplacé par un climat plus sec, qu’on appelle méditerranéen.
Les changements climatique à l'échelle des derniers millions d'années

Les changements climatique à l'échelle du millénnaire


L'Activité solaire

L'Activité volcanique

Un réchauffement climatique naturel n'est pas équivalent à un réchauffement climatique anthropogénique

Un réchauffement global de 4°C modifie complétement la végétation mondiale

Le GIEC
Voir https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/04/FS_what_ipcc_fr.pdf
Voir aussi: https://jancovici.com/changement-climatique/croire-les-scientifiques/quest-ce-que-le-giec/
L'effet de serre naturel et son augmentation par les humains

L'effet de serre est connu depuis longtemps

Quels sont les gaz à effet de serre?
Pour être un gaz à effet de serre (GES), la molécule doit avoir au moins trois atomes. En dessous, elle n’est pas capables d’intercepter le rayonnement infrarouge. Plutôt que d’appeler ça effet de serre, les climatologues préfèrent parler de forçage radiatif. L’oxygène et l’azote constituent respectivement 20,9 et 78,1 % de l’atmosphère, mais ils n’ont que deux atomes et sont donc inactifs. L’argon en fait 0.9 % et est également inactif. Le GES le plus important est la vapeur d’eau (H2O) avec ses 0,25 % en moyenne. Son activité de GES est limitée car elle ne reste que quelques jours dans l’atmosphère en changeant facilement de phase. Le GES le plus actif est le CO2 qui n’est présent qu’à 0,04 % (400 ppm). Quand on exprime l’évolution des températures annuelles globales en fonction de la concentration en CO2 (graphique), on obtient une loi quasi-linéaire. Ceci démontre bien que l’augmentation des GES réchauffe le climat.
Quelles sont nos activités qui augmentent les gaz à effet de serre?

Des effets de rupture sont à craindre: les pergélisols et les clathrates

Depuis les années 70, de nouveaux records de température sont sans cess battus

On peut attribuer sans erreur le réchauffement actuel aux émissions de GES

Qu'est-ce qu'un modèle climatique ?
Les modèles climatiques, qu’on appelle maintenant les modèles du système terre parce qu’ils essaient d’englober l’ensemble des processus de surface de la Terre, sont des gros programmes informatiques tournant sur des ordinateurs parmi les plus puissants au monde. A partie d’entrées qui permettent de guider les simulations, ils produisent des résultats permettant de suivre l’évolution du climat de la Terre et aussi plein d’autres variables importantes pour nos écosystèmes et les sociétés humaines.
Les entrées du modèle, qu’on appelle aussi forçages, sont d’une part des processus naturels comme l’activité solaire, le volcanisme et l’orbite de la terre, et d’autre part des processus anthropiques comme les émissions de GES, les polluants chimiques et l’occupation des sols. Les processus anthropiques sont incertains : ils dépendent du type de développement économique choisi par nos sociétés et de l’augmentation de la population. Il faut faire des hypothèses et établir des scénarios.
Le travail de modélisation consiste tout d’abord à couvrir la Terre (terres et océans) d’un maillage tri-dimensionnel. On écrit alors, aux nœuds de ce maillage, des équations d’évolution qui permettent, d’un pas de temps à l’autre, de faire varier des paramètres tels que la pression, la température, les vents ou les courants. Il inclut des compartiments essentiels tels que la glace de mer, la surface des continents avec sa végétation, les glaciers de montagne et les calottes polaires. Il doit aussi représenter les processus physiques de petite échelle comme les nuages. Ces derniers sont représentés de manière statistique ce qui est une source d’incertitude non négligeable
La résolution spatiale du maillage des modèles a évolué au fil du temps : pour la partie atmosphérique, il est passé de 500 km environ, dans les années 1980, à souvent moins de 100 km aujourd’hui. Pour les océans, le maillage est plus fin car la taille des tourbillons océaniques est plus petite que celle des grands systèmes de la circulation atmosphérique. Le « pas de temps » des modèles atmosphériques doit au contraire être beaucoup plus petit que celui des modèles océaniques car les vents circulent beaucoup plus vite que les courants marins : les modèles atmosphériques évoluent souvent de demi-heure en demi-heure environ, et les modèles océaniques de jour en jour.
Les processus anthropiques sont à l’origine des plus grandes incertitudes. Pour le 5e rapport du GIEC, les scientifiques ont défini des profils représentatifs d’évolution de concentration de gaz à effet de serre: les RCP (Representative Concentration Pathways). Les sorties du modèle sont les différentes variables qui déterminent le climat de la terre, et donc l’évolution des écosystèmes et des sociétés humaines (économie, santé)
Les trajectoires d'émission des GES et les scénarios du GIEC
Quels facteurs socio-économiques se cachent derrière ces scénarios?
La montée des mers: 10 cm ça compte quand on habite près de l'eau
Les événements extrêmes


Un demi-degré ça compte énormément
A suite du rapport spécial SR1.5, le monde a été alerté par le fait qu’un monde 2°C plus chaud était sujet à des risques bien plus importants qu’un monde 1,5°C plus chaud. Chaque demi-degré compte nous dit le GIEC. Cette infographie produite par le journal La Monde synthétise bien la situation :
- Canicules : 1°C plus chaudes en passant de 1,5°C à 2°C
- Coraux tropicaux : 70 % des récifs coraliens perdus en 2100 vs une perte quasi totale avec +2°C
- Banquise arctique : étés libres de glace au moins une fois par siècle vs une fois par décennie avec +2°C, c’est donc un facteur 10 en fréquence
- Pêches : une perte de 1,5 millions de tonnes vs 3 millions, c’est donc un facteur 2
- Montée du niveau de la mer : une élévation de 26-77 cm en 2100, 10 cm de plus et 10 M personnes menacées de plus avec +2°C
- Pluies torrentielles : risque plus fort surtout aux hautes latitudes, Asie de l’est et Amérique du nord.
- Biodiversité : -6 % d’insectes vs -18 %; -8 % de plantes vs -16 %; -4 % de vertébrés vs -8 % seront affectés, c’est donc un facteur 2 à 3 selon les groupes.
- Agriculture : chaque demi-degré va conduire à des récoltes plus faibles avec un contenu nitrutionel amoindri dans les régions tropicales
Les couts sont particulièrement importants dans les pays pauvres
Des points de bascule et des points de non retour

Les Conférences des Parties (COP) et le Protocole de Kyoto
La COP21 et l'Accord de Paris
Comment réduire nos émissions de carbone: sobriété, efficacité, solutions basées sur la nature

Quelques messages liés à l'agriculture et l'alimentation
En ce qui concerne l’atténuation du changement climatique, il y a deux solutions souvent pointées : planter des arbres et restaurer les sols dégradés. Dans les deux cas, il faut imiter la nature, ce qui permettra également de favoriser la biodiversité. Voici quelques messages à ce sujet :
- Afforestation et reforestation permettent de produire des bioénergies qui finiront par stocker du carbone si on est capable de le capturer et de le stocker (solutions BECCS).
- La déforestation et la destruction des zones humides correspondent à 15% des émissions
- Les pertes agricoles et les déchets alimentaires (qui représentent 25% de la production) sont responsables de 8-10% des émissions
- La promotion de l’agroforesterie et une meilleure gestion des feux permettraient de réduire les émissions et de stocker beaucoup de carbone
- Amélioration des sols par l’agroécologie permet de stocker du carbone tout en fournissant une nourriture plus saine (programme 4‰)
- Les régimes alimentaires basés sur les céréales, fruits et légumes de saison sont 10 à 100 fois moins émetteurs de carbone que les régimes basés sur la viande (ruminants + rizières = 50% des émissions de méthane)
- La plupart des solutions fondées sur la nature ont des retombées positives sur la santé et la biodiversité; elles réduisent les températures extrêmes pendant l’été
- Importance de la petite échelle: les solutions BECCS à grande échelle auront des effets négatifs clair (il faut 5 M km2 de boisement pour limiter la température à 2°C, soit 8x France)
- Ces solutions doivent donc venir en appui aux solutions de réduction des émissions
Agrandir la cuve ou fermer le robinet ?
On peut encore y arriver: la parabole de la marmite
Le premier peut nous aider à comprendre les efforts qu’il reste à faire pour satisfaire les Accords de Paris. Depuis la révolution industrielle, nous avons émis un cumul de 2200+320 Gt de dioxyde de carbone (CO2). Il nous reste 580 Gt (420 à 840 Gt) à émettre pour atteindre le seuil de +1.5°C et 1500 Gt (1170-2030 Gt) pour atteindre le seuil de +2°C. Si on n’agit pas, c’est parce qu’on pense qu’on peut agrandir la marmite avec des méthodes technologiques que nos industriels aiment développer. Mais est-ce possible? Il vaut sans doute mieux couper le robinet, ou du moins réduire sa pression par des politiques de réduction des émissions de GES.
Le second dessin représente différents scénarios de réduction des émissions en partant de 2000 à 2030. La courbe noire jusque 2019 présente les émissions réelles. Elles ont continué à grossir, même si c’est avec une vitesse plus réduite depuis 2015.
La première courbe verte nous indique que si on avait commencé à réduire nos émissions en 2000, ll aurait suffi de les diminuer de 4% par an et on serait arrivé bien tranquillement à zero émission en 2100 pour limiter le réchauffement à 1,5°C. On est en 2020 et c’est juré, on va faire un régime amaigrissant, mais ce n’est plus 4 % mais une décroissance de 7,6 %/an qu’il faut s’imposer. Si on tarde encore, ce ne sera plus possible de rester en dessous de +1,5°C. SI on se contente de 2°C, en 2000 c’était une diminution annuelle de 2 % et en 2030 c’est 9 %/an.
Une conclusion importante du rapport du GIEC sur le réchauffement à 1.5°C est que, pour contenir le réchauffement global à +1.5°C, les émissions de CO2 devraient atteindre le “net zéro” vers 2050 [ce serait 2075 pour le seuil de 2°C]. Quand on parle de net zero, cela veut dire que toute émission doit être contrebalancée par une absorption équivalente (par exemple par les forêts ou les sols). Plus on tarde, plus il faudra mettre en oeuvre des moyens technologiques importants soit pour extraire du CO2 de l’atmosphère, soit pour capturer une fraction de l’énergie du soleil avant qu’elle n’atteigne la surface de la terre. Comme ces moyens hautement technologiques peuvent avoir des effets secondaires imprévibles, il vaut mieux les éviter et réduire au maximum les gaspillages d’énergie, privilégier les énergies renouvelables et capturer du carbone par des méthodes basées sur la nature.
L'agroécologie
L’agroécologie est une façon de concevoir des systèmes de production qui s’appuient sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes. Elle les amplifie tout en visant à diminuer les pressions sur l’environnement (ex : réduire les émissions de gaz à effet de serre, limiter le recours aux produits phytosanitaires) et à préserver les ressources naturelles. Il s’agit d’utiliser au maximum la nature comme facteur de production en maintenant ses capacités de renouvellement.
Elle implique le recours à un ensemble de techniques qui considèrent l’exploitation agricole dans son ensemble. C’est grâce à cette approche systémique que les résultats techniques et économiques peuvent être maintenus ou améliorés tout en améliorant les performances environnementales.
L’agroécologie réintroduit de la diversité dans les systèmes de production agricole et restaure une mosaïque paysagère diversifiée (ex : diversification des cultures et allongement des rotations, implantation d’infrastructures agroécologiques…) et le rôle de la biodiversité comme facteur de production est renforcé, voire restauré.
L’agronomie est au centre des systèmes de production agroécologiques. De solides connaissances dans ce domaine sont indispensables, tant pour les agriculteurs que pour leurs conseillers.
Chaque évolution vers un système de production agroécologique doit être raisonnée au cas par cas, en fonction notamment du territoire (conditions pédo-climatiques, tissu socio-économique), mais aussi des objectifs de l’exploitant (qualité de vie).
L’agriculteur adapte les techniques à ses parcelles, en particulier à travers une série d’expérimentations dans ses propres champs. Ces démarches d’expérimentations peuvent être conduites individuellement ou collectivement, avec d’autres agriculteurs et/ou conseillers, en s’appuyant notamment sur l’expertise des acteurs sur leur milieu.
Enfin, l’agroécologie dépasse les simples gains d’efficience des diverses pratiques d’un système de production, telles que le réglage fin des pulvérisateurs de produits phytosanitaires ou le raisonnement des apports d’intrants. L’agroécologie révise les systèmes de production en profondeur : nous sommes dans le domaine de la reconception des systèmes de production.
Les dynamiques des eaux, les cycles bio-géochimiques, les épidémies ou les pullulations de ravageurs sont liés à des échelles plus vastes que celles des parcelles cultivées. Aussi, le passage à l’agroécologie doit aussi être pensé à l’échelle des territoires.
L’agroécologie s’applique à deux niveaux d’organisation : la parcelle agricole et le territoire, qui doivent être intégrés de façon cohérente.
La bonne gestion des fonctionnalités écologiques nécessite l’existence d’infrastructures agroécologiques. Si ces infrastructures n’existent plus, suite par exemple au remembrement, il s’agira de réfléchir à leur (ré-)aménagement.
L’agro-écologie face aux grands défis de l’humanité
Les pratiques agricoles conditionnent à la fois la production de court terme et l’évolution de l’écosystème cultivé (fertilité du sol, biodiversité, microclimat). Depuis la naissance de l’agriculture, diverses évolutions de ses méthodes et techniques se sont succédé, en vue d’une amélioration de son potentiel productif. Aujourd’hui, le secteur souffre d’une crise écologique majeure qui le remet profondément en cause. Du fait de la pression démographique, d’anciens systèmes de gestion de la fertilité (l’agriculture forestière, par exemple) ont disparu sans être remplacés.
De plus, les effets négatifs de la « révolution verte » sont multiples : dégradation de la fertilité des sols, pertes de terres agricoles, diminution de la biodiversité, épuisement de ressources non renouvelables, dégradation des paysages, contribution au changement climatique. Dans les milieux fragiles, où le climat est instable, la « révolution verte » a donné peu de résultats et les paysans s’y opposent souvent. Ailleurs, après avoir permis une forte hausse des rendements, elle semble atteindre ses limites.
L’agro-écologie peut contribuer à la sécurité alimentaire, grâce à une augmentation du rendement agricole global et à une réduction de sa variabilité d’une année sur l’autre.
C’est le cas, notamment, quand elle répond à la crise de fertilité des écosystèmes. Les situations sont plus contrastées lorsqu’elle vient remplacer des systèmes issus de la « révolution verte ».
Du fait de la diversification des productions, l’agro-écologie permet une amélioration de la qualité nutritionnelle et de l’alimentation. Elle offre l’avantage d’une baisse des coûts de production (intrants externes), génère de l’emploi et augmente le revenu et l’autonomie des femmes. Au niveau territorial, on observe des effets indirects sur les revenus et l’emploi (création de filières, stimulation du commerce local, etc.).
En limitant fortement les intrants chimiques, l’agro-écologie contribue à réduire les risques pour l’environnement et la santé des populations. L’utilisation de ressources non renouvelables diminue : eau agricole, énergie, phosphore et potassium. Ses méthodes favorisent la biodiversité et veillent à la fertilité des sols, permettant de récupérer des terres devenues improductives, d’améliorer la résistance aux accidents climatiques (diversité des activités, pratiques de protection des sols) et de participer à la lutte contre le changement climatique.
La transition agro-écologique suppose un soutien prioritaire à l’agriculture familiale. En effet, celle-ci regroupe l’immense majorité des agriculteurs, au niveau mondial, et est à l’origine de près de 70 % de la production. De plus, l’agro-écologie repose largement sur des connaissances et des savoir-faire accumulés au cours des siècles par l’agriculture familiale, qui devra sa survie à l’amélioration de l’écosystème, dont dépend à long terme sa propre reproduction sociale. Encore faut-il que les conditions socio-économiques de la production y soient favorables.
Il importe que les politiques agricoles génèrent un environnement propice à l’agriculture familiale. Soulignons que si celle-ci réussit à concilier les objectifs de court et de long termes (dont la reproduction de l’écosystème) en période de relative prospérité, elle privilégie en situation de crise le court terme, voire sa survie immédiate. La transition agro-écologique devient alors illusoire, d’autant qu’elle implique des investissements initiaux importants (y compris en travail) et présente un risque aux yeux des agriculteurs. L’État doit donc tout particulièrement encourager ces investissements pendant la période de transition (subventions, crédits spécifiques). La sécurisation de l’accès à la terre est cruciale, car les investissements dans l’écosystème peuvent difficilement être mis en œuvre, si la famille n’est pas certaine de bénéficier des résultats.
L’agro-écologie suppose par ailleurs des connaissances et des savoir-faire spécifiques, souvent préexistants localement. La recherche agronomique devrait s’appuyer davantage sur les solutions agro-écologiques, en articulation avec les expérimentations paysannes et les échanges d’expériences entre agriculteurs, sans oublier les organisations de producteurs. L’enseignement agricole ne porte pas encore assez sur le fonctionnement des écosystèmes cultivés et les logiques économiques paysannes, et omet de valoriser les connaissances et les savoir-faire des paysans.
L’État et les collectivités locales auraient tout intérêt à s’engager dans la valorisation des produits de l’agro-écologie par la création de filières, le soutien des systèmes de garantie participative, les achats publics, la promotion de marchés paysans, etc.
L’agro-écologie repose sur la préservation et la valorisation d’une grande diversité génétique, d’où la nécessité de reconnaître la possibilité pour les agriculteurs de réutiliser, échanger, vendre les semences et protéger l’agriculture des contaminations par les OGM.
Il ne s’agit donc pas seulement de « verdir » quelques composantes de la politique agricole, mais de la réorienter, tout en veillant à la cohérence de l’ensemble des décisions prises, y compris dans d’autres secteurs d’activités. La coopération internationale a un rôle à jouer : appui aux politiques nationales, mise en valeur des méthodes des programmes de recherche, promotion d’échanges de pratiques et d’expériences (vers une plateforme mondiale des compétences ?), soutien à la résistance contre les intérêts des lobbys.
L’agro-écologie n’est pas une approche dogmatique ou réductrice. La transition agro-écologique, qui prend en compte toutes les marges de progrès possibles pour remplacer peu à peu des techniques conventionnelles non-adaptées, mérite une ambition partagée des différents acteurs pour, avec un minimum de bon sens, revenir aux fondamentaux de l’agriculture et construire sur les territoires des systèmes agricoles et d’échanges plus autonomes, moins risqués pour notre société. C’est cette agro-écologie paysanne qui permettra de revaloriser le métier, les savoirs et les savoir-faire des paysans. Elle récréera du lien social, basé sur le respect et la confiance entre la société et une agriculture qui ne violente plus la nature.
Texte de Laurent Levard (https://ideas4development.org/lagro-ecologie-repondre-aux-defis-du-xxie-siecle/)
Voir aussi:
https://fne.asso.fr/dossiers/quest-ce-que-lagro%C3%A9cologie
Le GREC-Sud
Le groupe régional d’experts sur le climat en région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur (GREC-SUD) a vocation à centraliser, transcrire et partager la connaissance scientifique sur le climat et le changement climatique en région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’objectif prioritaire du groupe est d’informer les gestionnaires et décideurs du territoire (élus et techniciens des collectivités locales, des espaces protégés, des grands équipements, etc.) dans l’optique d’une meilleure compréhension et d’une prise en compte des résultats scientifiques dans les politiques publiques.
Le groupe réalise des publications thématiques (ouvrages et articles web) et organise des événements (conférences, journées thématiques…) qui ont pour vocation :
- d’être accessibles à un public non scientifique ;
- de proposer un état des lieux de la connaissance et de l’expertise scientifique ;
- de rendre visibles les conséquences du changement climatique sur un
sujet donné en facilitant la compréhension des résultats scientifiques ; - d’identifier et éclairer les enjeux forts, les principaux points de
vulnérabilité des territoires en région et les leviers d’action ; - de mettre en avant les solutions existantes et les différentes
initiatives concernant les enjeux d’atténuation et d’adaptation ; - de favoriser les interactions entre acteurs du territoire et ceux de la recherche.
Les Parcs Naturels Régionaux (PNR)
Dans un Parc, tout le monde doit s’épanouir, la nature comme les populations. C’est dans cette logique que les Parcs inventent un urbanisme soucieux aussi bien de l’environnement que du maintien de l’habitat dans un cadre de vie préservé. Pour les Parcs péri-urbains, cet équilibre est précaire et les actions pour le maintenir tout en assurant une mixité sociale sont nombreuses. Aussi, les Parcs aiment partager leur projet. Ils organisent des sorties découverte, développent des programmes d’éducation à l’environnement, organisent des activités culturelles et éditent brochures et documents. La plupart des Parcs ont un journal qu’ils adressent aux habitants. Enfin, les Parcs sont ouverts vers l’extérieur : ils accueillent de nombreux visiteurs.
Pour les Parcs, une mission reconnue tardivement mais fortement ancrée aujourd’hui. Aujourd’hui, les Parcs doivent vivre et faire vivre. Rien à voir avec des espaces sous cloche. Avec 320 000 entreprises (7 % du tissu économique français), 730 000 salariés (3 % de l’effectif salarié national), les Parcs sont directement concernés par les enjeux de renouvellement du tissu économique. Mais sur ces territoires, tout n’est pas permis.
On privilégie les activités économiques respectueuses de l’environnement. Celles qui valorisent les ressources naturelles et humaines. Le tourisme vert, la vente à la ferme, l’agriculture bio ou raisonnée, les nouvelles technologies et les savoir-faire locaux par exemple. On y expérimente la transition écologique avec des systèmes de déplacement, de chauffage ou de production énergétiques alternatifs.
Les PNR de la région PACA se sont fédérés dans un réseau des parcs et a passé une convention avec le GREC-Sud pour les aider à introduire la lutte contre le changement climatique et l’adaptation à ce dernier dans leur charte. Les territoires des parcs sont des lieux privilégiés de conscientisation des habitants et d’expérimentation de solutions.
Les neuf parcs naturels régionaux de la région Sud sont:Alpilles, Baronnies, Camargue, Luberon, Préalpes du Sud, Queyras, Sainte-Baume, Vercors, Verdon
Le vin nature
- Un vin nature doit être issu de vignes travaillées et certifiées en agriculture biologique ou en agriculture biodynamique. Ces certifications apportent un premier niveau de garantie : celui qu’aucun produit phytosanitaire de synthèse (insecticide, fongicide ou herbicide) n’est utilisé dans les vignes. Il y va de la santé des personnes qui y travaillent et de celle de l’environnement avoisinant : les riverains bien sûr mais aussi la faune et la flore. La viticulture représente en France moins de 3% de la surface agricole mais plus de 25% du tonnage de pesticides consommés.
- La vendange à la main est un gage de qualité des raisins. A la différence de la vendange à la machine qui brutalise les ceps pour faire tomber les grappes (mais aussi les feuilles et tout ce qui se trouve sur les ceps), la vendange manuelle permet de choisir les grappes et d’éliminer les grains pourris. C’est une approche douce qui vise à amener au chai les plus beaux raisins possibles.
- Un vin nature ne doit contenir aucun autre intrant que le soufre. Derrière le terme intrants se cachent tous les produits autorisés lors de la vinification. En agriculture conventionnelle la liste est longue donc pas question de vous assommer avec sa version exhaustive, mais on y retrouve des acides (lactique, tartrique, ascorbique, malique), des levures, des enzymes, des correcteurs d’acidité (Bicarbonate de potassium – Bisulfite de potassium – Bisulfite d’ammonium – Carbonate de calcium). L’exigence pour un vin nature est en cela bien plus grande que pour un vin bio car le cahier des charges AB est relativement permissif sur la question.
- Qui dit vin nature dit vinification naturelle. Les techniques de vinifications ont considérablement évolué, principalement dans le secteur du vin conventionnel. L’idée n’est pas de faire un procès au progrès technologique mais plutôt de comprendre les finalités : bien souvent ces procédés (thermo-vinification, filtration tangentielle, osmose inverse,…) sont utilisés pour corriger un vin et lui prêter des vertus qui n’étaient pas présentes dans les raisins….Les vignerons naturels excluent toutes ces pratiques car ils considèrent qu’elles dénaturent le raisin et faussent l’expression du terroir. Leur arme à eux, c’est le temps et la patience, pour laisser travailler les levures indigènes (naturellement présentes sur la peau des raisins, par opposition aux levures chimiques). Dans le même esprit, un vin naturel est très rarement filtré ou collé (opération qui consiste à ajouter du blanc d’œuf pour faire s’agglomérer les particules présentes en suspension dans le vin et ainsi le rendre plus clair) ou filtré. L’idée est de ne pas enlever de richesse au vin.
- Les vignerons naturels s’engagent à ne pas dépasser les doses suivantes pour le soufre : 30mg/litre pour un vin rouge et 40mg/litre pour un vin blanc ou un vin rosé sec. Là où des divergences existent, c’est que certains vignerons s’astreignent à un niveau d’exigence plus élevé et visent à ne pas dépasser 10mg/litre de soufre dans leurs analyses.
- Pour ou contre la labellisation ? Certains vignerons naturels pensent que seule une labellisation officielle permettra de donner une vraie reconnaissance au vin naturel et évitera les « tricheries » marketing que l’on commence à observer dans les linéaires de certains supermarchés (avec des vins « pseudo » nature, sans soufre, etc…). A l’inverse d’autres sont convaincus qu’un label constituera obligatoirement un « enfermement » et supprimera ce qui fait la richesse du vin naturel, à savoir la liberté ! Libre à vous de vous faire votre opinion et de prêcher pour votre paroisse… tout en respectant les avis divergents
Repris de https://www.vinibee.com/vin-nature-definition/
Le changement climatique dans les sations de ski
- en moyenne altitude, diminution d’environ 20 cm de l’épaisseur moyenne de la couche neigeuse et d’un peu moins de 50 cm de la hauteur maximale de neige. À noter : le chiffre relatif à la hauteur maximale est deux fois plus grand que celui de la hauteur moyenne, mais, en pourcentage, la perte la plus significative concerne la hauteur moyenne. Pour la durée de neige au sol, la perte est de 35 jours, soit un peu plus d’un mois;
- au-dessus de 2000 m d’altitude, l’impact est plutôt moins sensible, avec 15 cm de perte en hauteur moyenne et 45 cm en hauteur maximale. La durée de neige au sol n’a perdu que 5 jours en haute altitude.
Le réseau MedECC
Le régime alimentaire méditerranéen
Le régime méditerranéen, également appelé régime crétois ou diète méditerranéenne est une pratique alimentaire traditionnelle dans plusieurs pays autour de la mer Méditerranée caractérisée par la consommation en abondance de fruits, légumes, légumineuses, céréales, herbes aromatiques et d’huile d’olive, une consommation modérée de produits laitiers d’origine variée (chèvre et brebis essentiellement et issus de la vache dans une moindre mesure), d’œufs et de vin, une consommation limitée de poisson et une consommation faible de viande. Un petit verre de vin quotidien est également autorisé
Plusieurs études montrent que le régime méditerranéen permet :
- de diminuer la mortalité et la morbidité par maladies cardiovasculaires ;
- de diminuer le risque de maladie d’Alzheimer et de maladie de Parkinson ;
- d’améliorer les chances de grossesse lors d’une fécondation assistée.
Il s’agit de co-bénéfices sanitaires qui complètent assez bien les bénéfices pour le climat.
Malgré leurs différences, les pays méditerranéens ont une culture culinaire en partie commune : composition en aliments, mais aussi pratiques culinaires (importance du farci, du feuilletage), des goûts communs pour certaines saveurs (parfums d’herbes aromatiques, d’épices, goût pour l’acidulé, l’aigre doux…), mais aussi une idée commune de la diététique partagée par les médecins grecs ou romains de l’Antiquité (Hippocrate, Galien…), les médecins perses (Rhazès, Avicenne…), les médecins européens (Arnaud de Villeneuve, Aldebrandin de Sienne…). Malheureusement ces pays sont également envahis à l’heure actuelle par la cuisine de type occidental grasse et sucrée qui a des effets négatif sur la santé et le climat.
Voir Wikipedia: https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9gime_m%C3%A9diterran%C3%A9en
Les centrales solaires Noor au Maroc

Venise et le système Moose (Moise)

Le Printemps Syrien
Après plusieurs années de sécheresse qui ont réduit l’indépendance alimentaire de la Syrie, le Printemps arabe qui a commencé en Tunisie arrive également en Syrie au début de décennie 2010. Il serait abusif d’expliquer tous ces bouleversements politiques par les événements climatiques et par l’évolution de la balance commerciale agricole, mais il convient de rappeler le lien qu’a toujours établi le parti ba’thiste, au pouvoir depuis 1963, entre sa “réussite” politique et ses succès agricoles. En Syrie, comme en Égypte et en Israël, l’irrigation occupe une place importante dans la construction politique du pays, tant du point de vue de sa structuration territoriale que de sa recherche de stabilité interne.
Si la maison ba’thiste brûle en 2011, l’agriculture, qui a donc fait figure de marqueur politique du régime, éprouvait déjà des difficultés réelles avant le soulèvement syrien : les aléas climatiques, la croissance démographique et l’urbanisation qui accroissent la part des autres usages de l’eau, l’amenuisement du poids relatif – et donc politique – des paysans syriens, les projets hydrauliques des pays voisins… tout concourait à la menacer.
Mais l’agriculture syrienne souffrait aussi de ses propres excès, en particulier des prélèvements d’eau souvent incontrôlés qu’elle a fait subir à un sous-sol dont les réserves hydriques ne sont pas illimitées, loin s’en faut. Ces prélèvements semblaient échapper en partie au contrôle étatique. Un article scientifique publié par un climatologue, Colin Kelley, a lancé la polémique sur la responsabilité du climat dans cette révolution (https://www.pnas.org/content/pnas/112/11/3241.full.pdf). Dans cette figure, tirée de son article, on voit bien les sécheresses à répétition entre 1990 et 2010 (la plus forte est celle de 2007-2010) amplifiées par l’augmentation des températures. Il faut noter également l’augmentation de la population Syrienne, en partie alimentée par les réfugiés Irakiens qui en 2010 faisaient 20% de la population totale.
Tiré de https://www.cairn.info/proche-orient–9782724612615-page-287.htm
Voir aussi sur Wikipedia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_civile_syrienne