Le monde est vieux et l’avenir se lit dans le passé (Mamadou Kouyaté) [1]
Depuis des décennies, les chercheurs alertent l’opinion publique et les décideurs sur les conséquences des rejets de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. De sommets de la terre en conférences des parties (COP) organisées par l’ONU, on a toujours constaté une dichotomie, pour ne pas dire une bipolarité, de nos gouvernants et de nous-mêmes, entre les belles résolutions (souvent tardives) et les actes de tous les jours. Pourtant les projections mathématiques établies pour le futur se sont confirmées dans les rapports successifs du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat). Le changement climatique se confirme d’année en année et pourtant aucune action forte n’est mise en place.
En France, le ministre de la transition écologique et solidaire a démissionné début septembre 2018 pour souligner l’inaction du gouvernement et des citoyens. Pourtant, les Accords de Paris signés après la COP21 en décembre 2015 ont parus ouvrir de nouveaux horizons pour ceux qui se soucient de l’évolution du climat. La phrase clé de ces accords était qu’il est urgent de « contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels (c’est-à-dire avant l’utilisation du charbon) et de poursuivre l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C ». Deux ans après cet accord, en 2017, on était déjà à un réchauffement moyen de 1°C. A cette allure on atteindra le seuil de 1.5°C entre 2030 et 2040. On a même l’impression que le seuil clé de 1.5°C se fait de plus en plus discret et que nos décideurs se contenteraient bien d’un bon 2 degrés. Pourtant la maison brûle et le seuil de 1.5°C demandera déjà des efforts d’adaptation difficiles surtout pour les plus vulnérables. C’est ce que nous clame les scientifiques du GIEC depuis longtemps.
Le GIEC
Le GIEC a été créé en 1988 par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Cette création est en soi une grande innovation car elle a permis, pour la première fois à cette échelle, aux scientifiques et aux représentants politiques des pays du monde entier de travailler ensemble. Les scientifiques produisent tous les 6-7 ans un diagnostic clair et rigoureux de l’état de la planète face au changement climatique. Le rapport, très volumineux, qui en sort est soumis à la critique des pairs (c’est-à-dire des collègues scientifiques indépendants) et le résumé pour les décideurs (« summary for policymakers ») est discuté ligne par ligne par les représentants politiques. La base scientifique de ces rapports reflète l’état des connaissances au moment où ils sont publiés et on est assuré que le résumé servira effectivement de base de travail pour les décideurs qui négocieront les traités internationaux.
Le premier rapport paru en 1990 expliquait déjà que le réchauffement planétaire serait de 1 à 5°C et l’augmentation du niveau des mers de 30 à 100 cm à la fin du 21e siècle selon le scénario de développement socio-économique choisi (soit une réduction plus ou moins forte des émissions des gaz à effet de serre, soit la prolongation des tendances d’émission actuelles “business as usual”). C’est assez remarquable de constater que les rapports suivants n’ont pas changé ces fourchettes de prévision. Si dans les premiers rapports, le réchauffement n’était pas attribué de manière certaine aux activités humaines, le troisième rapport paru en 2001 affirmait que l’essentiel du réchauffement observé est attribuable à l’homme avec une probabilité de l’ordre de 90%.
Les températures moyennes planétaires
Les scénarios pour le futur

[2] Seneviratne et al., 2016 : Référence complète